Edifiée pour l’Exposition universelle célébrant le centenaire de la Révolution Française, celle qui reste l’un des monuments les plus visités mérite bien aujourd’hui un petit coup de chapeau.
Le 31 mars 1889, vingt et un coups de canon retentissent dans le ciel de Paris. Il est 13h30 ce dimanche-là, lorsque Gustave Eiffel hisse une immense bannière tricolore au sommet de la tour qui ne porte pas encore son nom. »Le drapeau français est le seul à posséder une hampe de trois cents mètres », relève-t-il. Un groupe d’invités prestigieux, dont le président de la République, Sadi Carnot, vient de grimper les 1’710 marches qui mènent au troisième étage, pour inaugurer le totem.
Après deux ans, deux mois et cinq jours de travaux, la France peut désormais s’enorgueillir de posséder le plus grand monument du monde. Sur le Champ-de-Mars, aux pieds de ses pylônes enserrés dans d’énormes blocs de béton, règne une grande agitation. C’est la tension des derniers préparatifs : quelques semaines plus tard, le 6 mai, doit s’ouvrir l’Exposition universelle. Gigantesque porte d’entrée, la tour Eiffel en est l’attraction majeure. Ses mensurations sont révolutionnaires pour l’époque. Avec une hauteur de 312 mètres (324 mètres avec antennes aujourd’hui), elle pèse plus de 10’000 tonnes.
Ce symbole de la grandeur de la science et de l’ingénierie françaises est le bienvenu, car le pays traverse une période délicate. Après la défaite de la guerre de 1870 contre l’Allemagne, la France a du mal à se relever. Le gouvernement va donc voulu fédérer le pays pour redorer son blason.
La tour Eiffel a pourtant eu des détracteurs pendant sa construction. En 1887, un collectif d’une dizaine d’artistes, dont Alexandre Dumas ou Guy de Maupassant, a rédigé un manifeste hostile. Ce dernier dénonçait un « squelette géant et disgracieux ». Il était alors question que l’édifice soit détruit après l’Exposition universelle. Mais Gustave Eiffel parvient finalement à sauver sa tour en mettant en avant son rôle scientifique.
Durant les six mois de l’Exposition universelle, deux millions de curieux viennent admirer l’édifice. Un succès qui ne se démentira pas puisque depuis, elle a accueilli plus de 250 millions de visiteurs. Et même si elle ne domine plus le monde depuis 1930 (le Chrysler Building de New York l’a détrônée), elle est devenue l’un des symboles majeurs de Paris et de la France.